# Les pas d'Abel l'avaient conduit ici. Pour quelle raison ? Lui-même ne le savait pas, et l'idée de le demander à ses pieds paraissait absurde au jeune homme, qui, somme toute, n'en voyait pas de réel intêret. Un coup d'oeil aux alentours l'informa rapidement de sa position. Il était bel et bien à la lisière de la forêt interdite, lieu qui ne l'avait jamais vraiment intrigué, et qui était interdit d'accès aux élèves, ce qui n'était pas négligeable pour le Poufsouffle, qui s'était donc soigneusement débarassé de ses envies de vadrouille. Il ne niait pas non plus avoir déserté la moindre forêt qui soit dans sa vie, de peur de croiser un volatile. Oiseau. Rien que le mot faisait frissoner Abel. Pourtant, on ne pouvait trouver aucunes circonstances atténuantes à sa peur, comme par exemple le fait qu'il se soit fait agresser sauvagement et crevé un oeil par un moineau dans sa plus tendre enfance. Non, rien de tout cela. Quoi qu'il en soit, ces ailes, ces plumes et ces becs donnaient des sueurs froides à notre Prince. Car oui, Abel se prennait pour un Prince. Il avait bien conscience ne pas avoir de terres, ni de sang royal, mais il pensait sincèrement être quelqu'un d'exception, une sorte de monarque sans trône.
Il respira à pleins poumons, gonflant sa cage thoracique, et regarda plus attentivement autour de lui. De l'herbe, des arbres, au loin le château, du vert pur à en hurler d'extase. En un instant, il sentit ses jambes défaillir et s'allongea, sur un coude, parmis les brins d'herbe fins, protegé du soleil par l'ombre de la forêt.
Les nuages passèrent au dessus de ses yeux émerveillés par tant de grâce et de beauté, et lui apportèrent un sommeil comateux.
Une goutte de pluie sur son visage sortit Abel de son repos. Il se redressa et leva la tête vers le ciel. Durant ce lapse de temps, tout s'était assombri, et une fine pluie tombait désormais sur ses cheveux fins. La journée s'annonçait pourtant pour être ensoleillée, et c'est donc lorsqu'il se mit à grelotter qu'il se rappela ne s'être que primairement vêtu sous sa cape de sorcier le matin-même. Il commençait à avoir froid, et il trouvait ridicule et irritant le fait de sentir ses dents claquer. Il entoura ses bras autour de son torse peu musclé, et aperçut au loin quelqu'un arriver. Pour le moment, la silhouette était en floue et à travers la pluie, il était impossible de deviner si c'était un adulte ou un élève. L'aspect pitoyable et vulnérable qu'il devait avoir inquiéta Abel. Oui il était superficiel, et oui il ne voulait en aucun cas être vu alors qu'il n'était pas à l'apogée constante de sa beauté. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'en revanche, l'air un peu négligé que lui donnait la pluie et la détresse au fond de ses yeux lui donnaient un air adorable. Quoi qu'il en soit, il se mit sur ses deux jambes, et regarda en direction du nouvel arrivante, ou arrivante, peu lui importait, espérant qu'il ou elle sente son regard, par quel miracle qui puisse exister... #
*Quel imbécile, dans cet état je dois sûrement plus avoir l'air d'une princesse apeurée qu'un prince charmant...*
[Post un peu court, si quelqu'un viens y répondre, je ferais plus d'efforts pour le prochain.]